Page:Barre - Le Symbolisme, 1911.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
LES MILIEUX SYMBOLISTES



2. À la fin de septembre 1891, Maurice Petit eut l’idée de reconstituer les Hydropathes. Il possédait l’adresse de la plupart des anciens membres du cercle. Il avait groupé autour de lui trois ou quatre poètes qui déploraient l’absence d’un café hospitalier. Il ne manquait que des organisateurs de bonne volonté. Chez la mère Arnaud, qui tenait un bar boulevard Saint-Germain, Maurice Petit rencontra Léo Trézenik, Desbouiges et Collignon. Tous quatre prirent rendez-vous pour le lendemain, à la demeure de Maurice Petit, dans le but de lancer de part et d’autres des milliers de convocations pour le samedi suivant.

Les quatre amis furent exacts au rendez-vous. Ils amenèrent même avec eux un chaud partisan de l’affaire, Jules Jouy. À eux cinq, ils constituèrent sur-le-champ un comité d’organisation. Entre temps vinrent s’ajouter à ces cinq commissaires Émile Goudeau, ressuscité par curiosité, et Moynet. On discuta sur le nom à donner au nouveau cénacle. Desbouiges proposa les Mécénéoliens, Goudeau les Hirsutes. Cette dernière qualification fut adoptée à l’unanimité moins la voix de Desbouiges, un peu vexé de son insuccès. La présidence fut offerte à Goudeau qui la déclina, à Moynet qui imita sa modestie, à Maurice Petit qui attendait cet honneur, et qui l’accepta. Les vice-présidents furent Jules Jouys et Léo Trézenik. On nomma secrétaire Léon Collignon et trésorier Desbouiges. Le vendredi fut choisi comme le jour le plus convenable aux séances solennelles. Après quoi, on imprima des circulaires et on les répandit avec entrain. Bien que les invitations fussent imprimées, elles rendirent peu. Le jour fixé, personne ne se présenta. On racola donc quelques amis qui, tous les vendredis, prirent l’habitude d’aller dans la chambre tendue de noir où l’amphytrion Maurice Petit servait à ses invités de nombreuses canettes. C’est là que Jouy chanta presque toute sa Vie des Saints. Rouin y détailla les rondels de Rollinat. Peu à peu vinrent Armand Masson, Courbet, Rall, Garet, Pointes d’Au-