Page:Barreau anglais ou choix de Plaidoyers des avocats anglais, tome 3, 1824.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moteur de cette rébellion, qu’il est la source d’où elle découle, alors qu’une fausse pitié pour cet homme n’arrête pas votre, jugement, n’égare pas vos consciences. Je sais quels sont les sentimens qu’éprouvant toutes les âmes honnêtes ; elles commencent toujours par détester le crime, et finissent par compatir au criminel : loin de moi de vouloir frauder le malheur de ce qui forme peut-être sa dernière consolation !

Cependant cette pitié ne doit pas aller jusqu’à suspendre l’administration de la justice publique ; la punition ne doit pas être isolée de la faute. Ainsi donc, si, d’après les preuves produites, vous reconnaissez que cet homme est coupable, vous devez remplir votre devoir envers Dieu et votre pays ; si, d’un autre côté, nul indice suffisant ne s’élève contre lui, vous déclarerez que nous l’avons gravement offensé, et nous partagerons bien sincèrement la joie commune que causera l’acquittement d’un innocent.


Après ce discours, les témoins furent immédiatement entendus, et leurs dépositions confirmèrent tous les faits énoncés dans le réquisitoire du procureur-général. On lut également toutes les pièces citées, après quoi la parole fut accordée aux défenseurs de l’accusé.

M. M’Nally. Milords, M. Emmet n’a l’intention d’appeler aucun témoin, ni d’occuper les momens de la cour en lui proposant une défense ; je pense donc que les débats doivent être clos et d’une et d’autre part.

M. Plunket. C’est avec un extrême regret qu’en pareille circonstance, et dans une cause comme celle-ci, je me trouve dans l’impossibilité de suivre l’exemple qui m’est donné par le défenseur du prisonnier.

M. M’Nally. Je vous demande pardon, mais je suis en ce cas obligé de soumettre à la cour une question de pratique :