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Page:Barrière-Flavy - Etude sur les sépultures barbares du Midi et de l'Ouest de la France, Privat, 1893.pdf/21

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XV
introduction


croître alors que, poussés par les Huns, les Wisigoths sortirent de Dacie. Plusieurs pièces exceptionnellement riches, trouvées plus à l’Occident, constituent les rares découvertes faites en pays franc, burgonde, longobard ; elles rappellent cette splendeur des premiers temps, soit qu’elles aient été importées, soit qu’elles aient été l’œuvre d’artisans conservateurs des traditions.

Depuis la sortie des Wisigoths de la Dacie jusqu’à leur arrivée vers les limites extrêmes de leur migration en Occident, de nombreuses années s’écoulèrent. Ce laps de temps, l’espace parcouru, les contacts avec divers peuples, les étapes dans des milieux variés et encore bien d’autres causes avaient apporté à l’art national des Goths des modifications qui le transformèrent sans toutefois le défigurer. Avant sa migration, cet art ne connaissait d’influence industrielle que celle des Grecs du Pont, qui ne travaillaient plus dans le goût classique et ne connaissaient pas encore le goût bizantin. Nous avons dit que cet art, après sa percée à travers l’Europe, se retrouve dans sa partie occidentale, transformé, mais non défiguré. Parvenu dans de nouvelles régions, il s’imposa par sa nouveauté, par la supériorité morale de ses importateurs, dans les pays soumis aux destructeurs de l’empire latin. C’est ainsi que l’art des Goths, transporté et adopté parmi plusieurs populations qui se partageaient la domination de l’Europe, fut soumis à des influences de milieux, à des contacts multiples, aux modifications causées par le temps. Il forma ainsi un style original nommé longtemps et maintenant encore quelquefois mérovingien. Ce style s’est répandu en Europe à l’époque où les Francs, les Wisigoths et les Burgondes possédaient simultanément trois parties de la Gaule.

Chez ces Wisigoths, on peut retrouver les traditions industrielles rapportées des rives du Danube et des bords de la mer Noire ; on peut retrouver aussi une empreinte des notions artistiques particulières aux populations de la Septimanie et de l’Aquitaine, ainsi que certaines formes et certaines ornementations qui leur étaient propres.