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Page:Barrière-Flavy - Etude sur les sépultures barbares du Midi et de l'Ouest de la France, Privat, 1893.pdf/71

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étude sur les sépultures barbares

dit que ces sarcophages ne regardent que les conditions élevées, et que le soldat, le peuple des villes et l’habitant des campagnes n’avaient que des bières en bois. Il cite à ce sujet un passage de Grégoire de Tours : Cum sarcophagi" et tabulœ defecissent, decem aut amplius in una humi fossa sepeliebantur. Hist. lib.IV.

Cette appréciation peut convenir quelquefois à certains cimetières du Midi, pour des localités où la pierre fait défaut ; mais elle s’évanouit dans l’Ouest où la majeure partie des sépultures sont creusées dans la pierre du pays. Il faut penser seulement que les cercueils des personnages de distinction étaient plus ornés que les autres.

Dans les provinces de l’Ouest, les sarcophages en pierre apparaissent, avons­-nous dit, plus nombreux ; on y relève des sculptures et souvent des inscrip­tions. Le Poitou en a fourni surtout de nombreux et remarquables exemples.

Les cercueils ainsi faits, et remontant aux cinquième, sixième et septième siècles, se reconnaissent aisément à la largeur des deux extrémités de la bière, sensiblement plus étroite aux pieds qu’à la tête.

Le couvercle se compose habituellement d’une dalle monolithe, souvent gros­sière, parfois taillée en toit.

Des généralités, passons à quelques remarques particulières. Il s’est rencontré dans l’Ouest, peu dans le Midi, des fosses construites avec des pierres plates posées de champ ; quelques cimetières ont donné des tombes faites de tuiles à rebords.

Deux stations seulement, à notre connaissance, ont donné des tombes dites jumelles, c’est-à-dire juxtaposées, ou mieux consistant en deux compartiments parallèles creusés dans le même bloc. (Bordeaux et le Tasta. Lot-et-Garonne.)

On a remarqué plusieurs fois que certains squelettes avaient été, lors de l’inhu­mation, recouverts de moellons et de chaux, par exemple à Rouillé (Deux-Sèvres) et au Tasta (Lot-et-Garonne).

Les corps ont généralement été placés sur le dos, les pieds joints, les bras le long du corps, la tête légèrement inclinée à droite, quelquefois reposant sur une pierre servant de chevet. Cependant il a été trouvé des squelettes accroupis[1], repliés sur eux-mêmes ; d’autres étendus la face contre terre, ainsi que nous avons nous-même constaté à Saint-Félix (Haute-Garonne).

Il n’est pas absolument rare de rencontrer deux et même trois squelettes dans une même tombe, posés soit l’un sur l’autre, soit côte à côte et séparés par une pierre placée de champ. (Salles-la-Source, Aveyron.) Dans le cas où trois cadavres se trouvent inhumés ensemble , deux ont la tête à l’occident, l’autre à l’orient, comme à Salles-la-Source et à Sainte-Bazeille , Lot-et-Garonne. Dans ce dernier

  1. Abbé Cochet, Normandie souterr., pp.189-92, 266. - Lindenschmit, Das germanische... bei Selzen, pl.9.