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étude sur les sépultures barbares

point de vue des fibules, peut, pensons-nous, trouver place dans une de ces catégories.

a) Fibules à rayons. - Ce genre de broche est assurément le plus répandu et par conséquent le plus connu. Il se retrouve dans toutes les contrées où les Barbares ont passé. « C’est par erreur, - dit M. de Baye, - qu’on a désigné sous le nom de fibules franques toutes celles qui affectent cette configuration allongée... Elles semblent apparaître vers le troisième siècle en Pannonie et dans certains pays de l’Europe orientale avant de se répandre d’abord dans les régions centrales, puis dans certaines parties occidentales de l’Europe. Il y a lieu de penser que cette espèce de fibule appartient aux Goths ...[1] »

Nous devons, à coup sûr, nous en rapporter aux remarquables études de M. de Baye et à la solide expérience qu’il a acquise dans ses voyages et dans ses lointaines recherches.

La similitude des fibules de provenance méridionale avec celles que les savants russes et M. de Baye nous font connaître comme recueillies dans les pays orientaux de l’Europe est, à notre avis, une preuve concluante de l’origine gothique de nos bijoux ; parfois même la ressemblance est telle que l’on considérerait ces objets, rencontrés pourtant dans des milieux fort éloignés l’un de l’autre, comme sortis du même moule et gravés par la main du même artiste.

La fibule allongée se compose de trois parties. La tête, de forme géométrique, ordinairement chargée de petits rayons, supporte au verso un tenon auquel est fixée l’aiguille qui se meut de bas en haut. Vient ensuite une partie courbe qui renferme les plis du vêtement et relie le sommet de la broche à la troisième partie, plate, allongée, et dont la configuration varie presque pour chaque fibule. Cet appendice, tantôt rectangulaire, tantôt triangulaire, tantôt losangé, est pourvu au verso d’ un tenon recourbé qui sert à retenir l’extrémité de l’aiguille déjà engagée dans les plis du manteau ou du fichu.

Les autres types de fibule se rapprochent beaucoup plus de nos broches modernes ; le système d’agrafe est identique.

La fibule à tête carrée ou rectangulaire est assurément la moins commune ; généralement elle ne possède aucun rayon . Si par exception elle est chargée de ces petits appendices, c’est presque toujours en nombre pair, contrairement aux fibules à tête semi-circulaire.

Comme dérogation à cette règle, citons les deux belles fibules en bronze doré conservées au musée Saint-Raymond de Toulouse ; la partie supérieure rectangulaire porte huit rayons unis placés ainsi : 2, 4 et 2. La surface de la broche est couverte de guillochis compliqués qui pourraient au premier abord

  1. J. de Baye, Le tombeau de Wittislingen, p.8.