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du midi et de l'ouest de la france


« Les grandes fibules digitées, - dit M. de Baye, - sont typiques et barbares dans leur style. Les fibules rondes accusent une influence byzantine dont les premières sont exemptes[1]». Cette remarque s’applique surtout à la première classe des fibules circulaires ; nous hésitons à comprendre les secondes dans cette manière de voir, principalement en présence de la fibule de Saint-Cybranet (Dordogne) dont la décoration est éminemment barbare. (V. Pl. li, fig . 8.)

Quoi qu’il en soit à cet égard, il est à peu près établi aujourd’hui que les fibules rondes étaient réservées aux femmes qui les portaient sur la poitrine ; les fouilles pratiquées par Faussett, en Angleterre, le prouvent d’une manière que l’on peut considérer comme définitive[2].

Les fibules circulaires du Midi ont toutes au centre un renflement tantôt plein et arrondi, tantôt évidé et garni d’une pierre de couleur. Une broche de la nécropole de Testona (Italie) se rapproche d’une façon étrange d’une agrafe recueillie dans l’Aveyron.

Ces fibules rondes tiennent, en résumé, une place importante et digne d’attention dans la série si curieuse des agrafes barbares du Midi.

d) Fibules zoomorphes. - Le groupe des fibules zoomorphes renferme, ainsi que le nom l’indique, les broches dont la configuration rappelle plus ou moins exactement la silhouette d’un animal réel ou fantastique. On y relève des exemplaires fort curieux et dignes de fixer particulièrement l’attention des archéologues.

La figuration de l’oiseau, du poisson et du serpent est la plus communément admise. Ce sont les trois types que nous avons à faire connaître pour la région que nous étudions.

La fibule ornithomorphe représente toujours un oiseau de proie, le gypaète vraisemblablement. « L’origine des bijoux portant la représentation de l’oiseau à bec crochu, - dit M. de Baye, - rencontrés dans les sépultures barbares du continent, a souvent attiré l’attention des archéologues. Les tribus gothes avaient une grande prédilection pour ce motif ornemental. Sa durée persistante, dans les pays où les Goths se sont maintenus le plus longtemps, indique suffisamment son origine. Les savants anglais, il importe de le dire, constatant la rareté des fibules aviformes dans les sépultures anglo-saxonnes, les considèrent comme des types continentaux et les produits d’une importation[3]. »

Dans les pays orientaux de l’Europe, cette fibule, appelée quelquefois fibule perroquet, se rencontre en abondance ; la Hongrie, la Crimée en ont donné de très nombreux spécimens.

  1. J. de Baye, Industrie longobarde, p.55.
  2. Wright, The Celt, the Roman, and the Saxon, p. 479. - Faussett, Inventorium sepulchrale.
  3. J. de Baye, Industrie anglo-saxonne, p.48.