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Page:Barrière - Murger - La Vie de bohème, 1849.djvu/130

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la vie de bohême

Schaunard.

Brrr !… brrr !… Sacrebleu ! nous ne sommes pas en sûreté ici. C’est une Sibérie !… il y règne une température capable de faire éclore des ours blancs… (Prenant un verre sur la cheminée.) Buvons !

Colline, prenant une bouteille et la renversant.

L’édition est épuisée !…

Il se lève et va près de Marcel.
Schaunard, rejetant le verre sur la cheminée.

Dieu ! que c’est bête un verre vide !… (D’un ton de mandoline.) Où dînerons-nous, aujourd’hui ?

Colline, de même.

Nous le saurons demain… (Frappant sur l’épaule de Marcel.) Est-ce que nous n’allons pas songer à travailler ?

Marcel.

Je ne travaille jamais en sortant de table, quand j’y suis resté cinq jours de suite… Je ne suis plus en train.

Schaunard, se levant.

Je connais ça… c’est dans la nature… Il y a des années où l’on n’est pas en train.

Colline, revenant près de Schaunard.

Viens nous-en… (Bas.) Les regrets de nos amis ont besoin de solitude… (Haut.) Adieu, Marcel.

Schaunard.

Adieu, Rodolphe…

Ils leurs serrent la main et sortent.

Scène II.

MARCEL, RODOLPHE.
Rodolphe se lève et gagne la droite. Pendant quelques instans ils demeurent silencieux, puis un bruit de pas se faisant entendre dans l’escalier, Marcel se lève précipitamment et va coller son oreille à la porte. Le bruit s’éloigne.