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Page:Barrière - Murger - La Vie de bohème, 1849.djvu/133

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acte v, scène iii.

prend des lettres dans un tiroir.) Puisque je suis en train d’oublier, j’ai bien envie… mais avant. (S’asseyant près de la cheminée.) relisons une dernière fois ces lettres brûlantes… (Lisant.) « Je vais dîner chez ma tante ; comme il pleuvra peut-être ce soir, je ne rentrerai que demain matin. » Très-bien, je la connais sa tante, c’était mon cousin. En voici une autre. « J’ai pris l’argent qui était dans la tabatière pour aller acheter des bottines vertes. » Ces bottines-là ont dansé bien des contre-danses où je ne faisais pas vis-à-vis. (D’un ton railleur.) Ô mes lettres d’amour, de vertu, de jeunesse, à la poste !… (Il les jette au feu.) Tant pis, quand j’ai froid, je me brûlerais une jambe pour me chauffer l’autre.

Rodolphe, s’asseyant près de la table.

Ô petite Mimi ! joie de ma maison, c’est donc bien vrai que vous êtes partie et que je ne vous reverrai plus ? Ô petites mains blanches aux veines bleues, vous à qui j’avais fiancé mes lèvres ! avez-vous donc reçu mon dernier baiser ?… (En ce moment on entend dans l’escalier une voix qui chante : )

Réveillez-vous, ma mie Jeannette,
Et mettez vos plus beaux habits.

Rodolphe, courant à la porte où il trouve Marcel arrivé avant lui.

C’est la chanson de Mimi.

Marcel.

Oui ; mais c’est la voix de Musette…

Musette entre gaiement, et s’arrête en voyant l’aspect délabré de la chambre et la tristesse sur les visages.

Scène III.

les mêmes, MUSETTE.
Marcel, à part.

Soyons fier et dédaigneux !…