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Page:Barrière - Murger - La Vie de bohème, 1849.djvu/143

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acte v, scene vi.

Mimi, se penchant vers Rodolphe et le Médecin.

Qu’est-ce que vous dites là tous deux ?

Rodolphe, prenant un ton gai, et venant à elle.

Nous complotons pour te faire prendre quelque chose de très-mauvais qui te guérira bien vite.

Musette, à Mimi.

Tu vois bien, si tu étais en danger, il ne rirait pas.

Marcel, qui vient de porter une écritoire et du papier sur la table, bas à Rodolphe.

Que dit le médecin ?

Rodolphe, bas.

C’est fini !

Le Médecin, à Mimi.

Allons ! ne vous tourmentez pas.

Mimi.

Oh ! je suis mieux déjà depuis que je suis ici… (La fièvre commence à la prendre.) Il faut me guérir bien vite, monsieur !… (Montrant Rodolphe qui s’est rapproché et dont elle a pris la main.) Vous le voyez, je suis toute sa joie — une triste joie, n’est-ce pas ? Enfin, il m’aime comme ça… (Regardant la robe de Musette.) C’est joli cette robe !… Tout-à-l’heure, en revenant de l’hôpital, j’ai regardé les magasins. Quel malheur que ça coûte aussi cher !… (Avec vivacité.) Comme on est drôle quand on est malade ! on a toutes sortes d’envies. (À Rodolphe.) Tu sais bien, moi qui ne suis pas coquette, je voudrais avoir… (Tristement.) Non, n’y pensons plus !…

Le Médecin est allé s’asseoir à la table et écrit son ordonnance. — Marcel est retourné près de Musette.
Rodolphe.

Si, au contraire, parle, qu’est-ce ? que veux-tu ? Est-ce une belle robe de soie, comme celle de Musette, avec une garniture de blonde ?