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la vie de bohême


Scène X.

les mêmes, COLLINE, BAPTISTE.

Bras dessus bras dessous, ils causent tous les deux ; Colline a un panier sous le bras ; ils entrent par le fond à droite.

Colline.

Vous êtes sceptique, M. Baptiste.

Baptiste.

Monsieur, j’ai lu Voltaire.

Colline.

Moi, je suis panthéiste ; tout est dans tout ! Avez-vous lu Spinosa ?

Baptiste.

Mal !

Colline.

Relisez-le ! voyez aussi Descartes, les tourbillons !… (Musette et Phémie viennent prendre le panier. — À Rodolphe.) Monsieur, vous avez un domestique très-savant. Je l’ai pris pour un article de la Revue des deux Mondes… (Il passe près de Marcel.)

Marcel.

D’où viens-tu ?

Colline.

Parbleu ! vous êtes de fiers étourneaux. Vous aviez laissé nos provisions au milieu de la campagne, où elles auraient pu devenir la proie des intrigans. J’ai été les chercher avec M. Baptiste.

Musette, regardant dans le panier.

Mais les bouteilles sont vides.

Colline.

Au milieu d’une grave discussion avec monsieur sur l’immortalité de l’âme, comme nous étions très-altérés, nous avons bu les bouteilles, mais voilà les bouchons.

Musette.

Eh bien ! avec quoi ferons-nous passer le canard qui est dans le pâté ?