Page:Barrière - Murger - La Vie de bohème, 1849.djvu/35

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Scène première.

MUSETTE, dans la chambre de gauche ; il y fait jour.
RODOLPHE, dans la chambre de droite, tout est hermétiquement fermé. Il y fait nuit complète.
Musette, se coiffant devant une glace.
Air nouveau de M. J. Nargeot.

Bouche mignonne, et lèvre rose,
À la chanson (bis)
Toujours ouverte, voyez Rose
Alerte comme un gai pinson.
Pour en tresser une couronne,
À pleines mains, dans le blé mûr,
Rose moissonne, (bis)
À pleines mains les fleurs d’azur.

(Elle s’assied et arrange un bonnet qui est sur une bouteille. Se coiffant devant une glace.)

Qu’est-ce qu’aura dû dire M. le vicomte en ne me voyant pas revenir ?… Ah ! ma foi ! tant pis ! il m’ennuie, il tourne au saule pleureur… il lui pousse des branches. Je lui ai dit que j’allais aux eaux de Bagnères, il est capable de le croire et d’y voler. Tant mieux ! Lui parti, je retourne dans mes appartemens. Mais d’ici là… suis-je bête d’être partie sans argent ! Je ne pense jamais à ça, moi. Ah ! bah ! une jolie femme n’est jamais embarrassée… (Elle chantonne.)

Rodolphe, étendu tour habillé sur son lit, rêvant.

Est-il possible !… une telle fortune ! à moi… Le digne oncle !… Me laisser par testament toute une province du Pérou ! les Péruviennes avec…

On frappe à la porte de droite… Rodolphe se remue et ne se réveille pas… On frappe de nouveau.
Musette.

Entrez !… (On entre chez Rodolphe.) Tiens, c’est à côté, c’est chez ce monsieur qui dort si haut.