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la vie de bohême

de dix-huit ans, orpheline comme les autres, mais qu’on avait gardée dans la maison…

Musette.

Vous vouliez l’adopter ?

Rodolphe.

Mieux que ça… Je voulais l’épouser… Je fis ma demande, je dis franchement quels étaient mes moyens d’existence : poète lyrique. Le mariage manqua !

Musette, riant.

Pauvre ami !

Rodolphe.

Eh bien ! ça m’a fait mal de la quitter, vrai… Et je crois que de son côté… Oui, quand je me suis éloigné, ses yeux m’ont suivi jusqu’au seuil de la maison. N’est-ce pas que ça serait très-gentil tout ça avec des vignettes ?…

Musette.

Dites donc, croyez-vous que Marcel m’aime encore ?

Rodolphe.

C’est à craindre.

Musette.

Où est-il ?

Rodolphe.

Je n’en sais rien… Il voyage ; je crois qu’il a dû aller en Auvergne pour faire des portraits de Savoyards…

On frappe chez Rodolphe.
Musette.

On frappe chez vous.

Rodolphe.

Vous croyez ?

Benoît, en dehors.

M. Rodolphe, c’est moi !

Rodolphe.

Ah ! c’est M. Benoît, notre propriétaire ; il vient cher-