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Page:Barrière - Murger - La Vie de bohème, 1849.djvu/70

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la vie de bohême

Mimi, passant à droite.

Oh ! plus bas ; Marcel est là avec Rodolphe… (Elle montre la chambre à droite.) S’il t’entendait ?… (Elle met sa couronne dans son carton, qui est sur la console, et revient près de Musette. — À mi-voix.) Voyons, Musette, n’aie pas de ces vilaines idées-là… Ce pauvre garçon, si tu le trompais… il serait capable d’en mourir.

Musette, riant et à part.

Il y a longtemps qu’il serait mort… (Haut.) Est-ce que tu crois qu’on meurt d’amour, toi ?

Mimi.

Mais oui. Quand Rodolphe me quittera, je mourrai, vois-tu, j’en suis bien sûre… (Comme à elle-même.) Pourvu que je ne meure pas avant.

Musette.

Ah ! mon Dieu ! que tous ces gens-là sont donc gais !

Mimi.

Pardonne-moi.

Musette.

Non, au fait, c’est moi qui suis une égoïste ; mais ce n’est pas ma faute. L’ennui me tue, je ne peux pas le supporter. Le bon Dieu m’a faite comme ça.

Air : Assez dormir, ma belle.

J’aime ce qui rayonne,
J’aime ce qui résonne !
L’or aux reflets joyeux !
Tout ce qui dans la vie
Éclate en poésie
Pour l’oreille et les yeux.

J’aime la folle ivresse
Qui ranime sans cesse
L’amour et le désir,
Et les ardentes fièvres
Qui font fleurir aux lèvres
Les roses du plaisir.
J’aime ce qui rayonne, etc.