Page:Barrot - Mémoires posthumes, tome 1.djvu/17

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ment la théorie étroite de l’unité législative. C’est ainsi encore qu’après l’envahissement du 15 mai et l’insurrection de juin, il présida la commission chargée de rechercher les causes de ces funestes événements et d’en découvrir les auteurs. La majorité de l’Assemblée était fort loin de partager toutes les opinions de M. Odilon Barrot ; mais elle avait confiance dans son honneur, dans sa probité, et son avis était toujours d’un grand poids, parce qu’il ne s’y mêlait aucune considération personnelle. Plus d’une fois, un homme qui était l’honneur du parti républicain, le général Cavaignac, voulut se mettre en rapport avec lui et obtenir publiquement son assentiment. Il avait même été convenu dans une conférence à laquelle j’assistais avec M. le général de Lamoricière, MM. de Rémusat et de Maleville, que le chef du pouvoir exécutif ferait, du haut de la tribune, un appel à tous ceux qui acceptaient la république et que M. Barrot y répondrait par une franche adhésion. Mais dans une courte allocution le général Cavaignac substitua au programme convenu un programme un peu différent et s’adressa uniquement à ceux « qui juraient de vivre et de mourir pour la république. » « Croyez-vous, me dit alors M. Barrot, que je puisse jurer de vivre et de mourir pour la République ? » et il se tut. L’occasion fut ainsi manquée, mais elle se retrouva plus tard, quand MM. Dufaure et Vivien entrèrent au conseil, et à partir de cette époque le gouvernement du général Cavaignac put compter M. Odilon Barrot parmi ses plus fermes appuis.