Page:Barrot - Mémoires posthumes, tome 2.djvu/486

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aide pour deux choses qui me paraissent dominer dans votre mission actuelle.

La première, c’est en resaisissant cette liberté d’action qui doit appartenir à tout gouvernement, et qui est plus nécessaire à notre gouvernement révolutionnaire qu’à tout autre, parce que ses nécessités sont plus grandes vous empêcherez que la révolution, de politique, aussi profondément politique que vous voudrez, ne devienne révolution sociale, qu’elle atteigne les propriétés et les familles.

La deuxième, c’est que l’appel fait aux élections générales, expression de la souveraineté nationale, soit sincère. Je n’admets pas plus les mensonges de la place publique que les mensonges des rois. Des élections faites sous les coups de la violence ne me paraissent pas préférables à celles faites sous les influences de la corruption.

Ainsi, sécurité pour la propriété et la famille, liberté pour les élections primaires.

A ces conditions, et si vous êtes tous bien résolus à les faire respecter, même par la force gouvernementale, je puis vous assurer non-seulement de mon concours moral, mais même des sympathies de tous mes amis.

Après tout, nul d’entre nous ne se soucie de suivre les errements des émigrés ou des Girondins.

Mon dernier mot à la Chambre et au peuple a été anathème à qui allume la guerre civile en France. J'y resterai fidèle.

  Toujours votre ami et de tout cœur,

Odilon Barrot.