Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/108

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les jeunes filles causaient à la franquette et se tapotaient les mains, près de leur institutrice recueillie en l’attente du déjeuner. On entendait le bruit sec des ivoires carambolant sur les billards du café voisin. Vers dix heures et demie, après le verre d’eau bu au grand air, le salon de lecture s’encombrait. On y chuchotait pour ne pas troubler la lecture des gazettes où s’absorbaient les magistrats de Rouen. Un certain cérémonial d’occasion tempérait la note jacassière. Des travaux de réticule, des broderies, des crochets et des points occupaient les doigts prestes. La sonnerie des hôtels marquait une autre animation.


Un matin de septembre, il était venu s’asseoir dans le parc en costume de voyage. Les jeunes filles accoudées sur la terrasse, leurs robes jonquille éclairant l’intervalle des balustres, lui avaient souri. Un brouillard avivait les gazons roux. L’atmosphère orageuse l’énervait, il se berçait de désir et d’adieu sur sa chaise de rotin, en enlaçant des initiales sur le sable.