Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/185

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la taille cambrée, la poitrine en saillie sous l’étoffe tendue et dessinant aussi le ventre chaste, les bras relevés en anses : un beau vase tourmenté… une proue hardie frisant le millier de vagues du désir…

Et dans une rage secrète, il regretta de n’avoir pas humilié cette orgueilleuse petite pianiste.

Mais l’heure était loin. Il sut bien sourire :

— Me pardonnerez-vous, Laure, dit-il en la reconduisant ? Reviendrez-vous lundi ? Vous aviez si bien joué aujourd’hui !… Ah ! surtout le final, l’allégro… une broderie…

— Et nous avons aussi joué la comédie.

— Coquette !

— Non, mais comprenez-moi ! Mon rôle ne sera jamais de dire :

Il veut. Lundi prochain nous communierons en Mozart… Adieu ! Soyez sage…

Elle partit encore émue, malgré le ton qu’elle affectait.

Meyrargues se pencha dans la cage de l’escalier, avec une envie rauque de rappeler la jeune fille et vit sa petite main gantée qui glissait sur la rampe plate.