Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/270

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après ils le virent sur le refuge de la place, qui les appelait avec sa canne  : la voiture attendue rasait le trottoir.

Ils traversèrent la chaussée en rideau déployé, évitant les flaques. Par une attention délicate, Laure avait chargé Robert de son parapluie.

Elle s’installa avec son père sur la banquette du petit fiacre. La voiture s’éloigna après des saluts et des bonsoirs jetés de la portière. La scène finissait d’une façon banale.

Un fiacre qui passe dans un claquement de fouet, un fiacre anonyme, un numéro rouge sur fond noir, deux lanternes sales, un petit cheval velu, un cocher rougeaud, l’heure d’avant c’était du mystère, de la puissance et de la mort. Et maintenant  ?

Robert se demandait s’il n’avait pas rêvé, si tout cela était possible. Mais son émotion ne le trompait pas. Il se retrouvait sous la pluie, avec ses amis, avec sa maîtresse, en réalité plus triste et plus seul que jamais, car il avait perdu sa dernière illusion.