Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/43

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je ne le leur demande pas ; ils ont bien le droit de se taire ; mais du moment qu’ils parlent, ils pourraient nous donner une belle image de leur âme, ou bien leur propre vision du monde. Au lieu de cela, voyez le métier qu’ils ont accepté : ils couvrent de leur pavillon toutes les marchandises, tous les tripotages. On se les paye ; on les accroche en façade de même qu’on affiche des titres et des décorations dans le conseil d’administration des sociétés véreuses. On a corrompu des députés avec l’argent du Panama, mais les littérateurs ont touché le même argent. Arton n’a pas tutoyé que des parlementaires.

— Mais c’est le procès de la presse que vous faites là ?

— Point ; celui des écrivains qui ont abaissé leur art sous prétexte de relever le journalisme. Il y a là un compromis inacceptable, une promiscuité fâcheuse à tout le moins : en première page, les « littéraires », en quatrième les « complaisantes » ; d’un journal on a fait une boutique de gantière.

Robert ne sourcilla pas. Le couplet du musicien consonait à son lyrisme intérieur en