Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Laure s’éloigna en riant.

M. Vignon présenta Robert à sa femme habituée à de telles réceptions et toujours accueillante. Elle s’excusait : « Notre intérieur est pauvre », mais faisait quand même les honneurs de sa pauvreté. C’était son luxe, son bonheur de maîtresse de maison, de partager le pain du foyer avec tous les bohèmes que le caprice de son mari racolait. Ils avaient parfois de l’esprit et des élégances morales. D’ailleurs la famille Vignon se sentait moins nécessiteuse d’être hospitalière.

— Voilà mon trou, dit M. Vignon.

— Nous avons trois pièces, rectifia Mme Vignon.

— Je tiens à cet appartement.

— La maison n’a point d’agréments.

— Mais nous y avons des souvenirs.

— Ne pourrait-on pas déménager aussi les souvenirs, dit Laure en entrant au salon.

— Mais les habitudes, les coins familiers, même les petites gênes, les angles qu’on ne sent plus, n’est-ce rien ? Vous comprenez cela, dit M. Vignon à Robert qui hocha la tête.

Mme Vignon regarda sa fille qui souriait,