Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/87

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discrète. D’autres motifs d’un ordre délicat commandèrent encore son silence et l’empêchèrent de jeter son effusion sentimentale dans l’aridité des spéculations théoriques. Au sortir de chez les Vignon, encore ému de leur accueil et de ces choses légères, irisées, à fleur d’âme, qui l’avaient surpris, il n’allait pas étaler leur intérieur et son émotion latente. Il eût craint les questions trop nettes, les mots crus. Par un instinct exquis, il se montrait déjà respectueux de son idylle.

La discussion continuait :

— Mais l’avenir, où le basez-vous ?

— Vos sociétés futures réapparaissent seulement comme des imaginations naïves, bonnes tout au plus à encourager les hésitants et à consoler les enfants peureux.

— Il y a peut-être une illusion nécessaire.

— Sébastien Faure promet le bonheur universel, ajouta Marchand, comme un prêtre « l’autre vie », et c’est encore la religion de l’espérance, la vieille chanson dont on berce l’humanité.

— Les millénaires ne parlaient pas autrement.