Page:Barrucand - Avec le Feu, 1900.djvu/91

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sous les platanes, en écoutant les sophismes des rhéteurs, en regardant les éphèbes, qui s’exerçaient à des gymnastiques et les vieillards beaux et tranquilles qui parlaient et passaient. On n’avait pas encore supprimé les passions, on pouvait vivre, et les courtisanes n’étaient pas trop bêtes. Pour railler les démagogues on avait des Aristophanes, et, pour corriger l’accent béotien, des marchandes d’herbes. Et tout cela était possible avec des esclaves.

— Des esclaves, nous en avons toujours, dit Marchand. Une société comme la nôtre, qui sait contraindre par la famine ses « unités de travail », n’a pas aboli le servage.

— Bien, mais à cause de cela même, croyez-vous que cette société puisse adopter votre principe socialiste du « droit à l’existence » sans se révolutionner ?

— Je ne le crois pas.

— Vous proposez donc à nos conservateurs de se suicider par persuasion.

Brandal intervint, toujours fumeux :

— Éduquons les cerveaux : la libre entente et l’intérêt bien entendu conduiront à des résultants étonnants.