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Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/121

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Nous entrâmes à la Bastille par la grille qui donne dans la grand’rue.

En y entrant tous les huit, nous montâmes dans la salle d’armes qui avait été déjà saccagée par le peuple, et tout y avait été pris. C’était dans cette salle que l’on avait pris tous ces vieux drapeaux des anciennes guerres ; il y avait aussi des haches, des vieux sabres et quelques vieux fusils : on prit tout ce qui s’y trouvait.

Au-dessous de cette salle d’armes était la caserne des Invalides que ceux-ci dès la veille avaient abandonnée pour se réfugier dans la Bastille même.

Ce fait me fut confirmé quelque temps après par les Invalides mêmes qui ne périrent pas dans l’affaire. Plusieurs d’entre eux convinrent avec moi, en présence de témoins, que, sur les onze heures et demie, ils avaient fait feu sur le peuple et que l’officier suisse avait dit devant eux, ainsi qu’en présence des officiers de l’état-major de Delaunay, gouverneur, qu’ils étaient assez forts pour défendre la place jusqu’à l’arrivée des renforts qu’on avait promis.

Delaunay vint quelques instants après le premier coup de feu qui dura une bonne heure et tint ce propos devant la garnison : «  Si les Invalides ne font pas leur devoir, je vous ordonne, Suisses, de