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Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/153

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fut au milieu des bravos que nous entrâmes.

Il n’y eut pas un coup de fusil tiré dans cette expédition.

Nous nous emparâmes de tous les postes, de l’Hôtel-de-Ville et des autorités constituées  ; plusieurs personnes furent arrêtées. Le lendemain, on nous fit prendre les armes et former en bataillon carré. On avait battu la caisse afin que tous les gens de l’endroit se trouvassent au rendez-vous, en armes. Le général avait à leur parler ; il devait les passer en revue. Ils vinrent tous, et quand ils furent enveloppés par la troupe, on les conduisit à l’Hôtel-de-Ville où on leur fit déposer les armes.

Il s’éleva une chicane entre la troupe de ligne et la garde-nationale parisienne au sujet de la solde : la troupe de ligne n’avait que trente sols de paye, et nous autres trois livres ; plusieurs grenadiers vinrent nous trouver, et ils nous dirent qu’ils allaient tous déserter si on ne les payait pas comme nous ; ils faisaient remarquer qu’ils marchaient devant, les premiers au feu, et que cependant ils ne voulaient pas recevoir une paye plus forte que la nôtre, mais la même. Je trouvai leur raison fondée sur l’égalité, et je leur dis : N’allons pas tous ensemble chez le général ; nommez quatre des vôtres et nous irons le trouver. Nous y fûmes et, après bien des propos