Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/209

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Bourdon de l’Oise me tint ce propos  : il faut qu’un militaire qui a reçu un ordre l’exécute. —

    la Vendée. Aussi Biron n’a-t-il jamais dirigé un mouvement contre eux du point où il commandait.

    Biron, nommé depuis six semaines général en chef de l’armée, au lieu de se rendre de suite à son poste dirigea sa route sur Bordeaux, où il s’arrêta assez longtemps pour attendre les événements qui se préparaient à Paris. Cette ville était, comme l’on sait, le centre du fédéralisme. Il était tout naturel qu’un général nommé sous l’influence du parti girondin, qui composait le Comité de défense générale, prît le mot d’ordre du Comité directeur siégeant à Bordeaux ; aussi des députés fédéralistes arrivèrent-ils presque en même temps que Biron à Niort et à Poitiers. C’était dans les derniers jours de juin. De grands événements venaient d’avoir lieu à la frontière du Nord. Dumouriez entretenait des correspondances secrètes avec les généraux autrichiens. La Convention nationale venait d’ordonner qu’il comparaîtrait à sa barre. Sur son refus d’y comparaître elle chargea quatre de ses membres de l’aller arrêter au milieu de son armée. Le ministre de la Guerre Beurnonville fut chargé de les accompagner dans cette mission difficile. Dumouriez les fit arrêter tous les cinq et les livra à l’ennemi. Il se disposait à marcher sur Paris, mais l’armée ayant refusé de le suivre, il se jeta dans les mains des Autrichiens.

    Ce fut à cette époque que fut créé le Comité de salut public dont l’énergie sauva la France. Un nouveau ministre de la Guerre fut nommé : ce fut un simple colonel de hussards qui s’était distingué aux batailles de Valmy et de Jemmapes. C’était un républicain franc et loyal, nommé Bouchotte, grand travailleur, il voyait tout par lui-même. Ses premiers regards se portèrent sur la Vendée. Il nous envoya plusieurs bataillons de Paris qui furent dirigés sur Niort : deux restèrent à Saumur, malheureusement on reçut dans ce corps beaucoup de remplaçants. Aussi furent-ils surnommés « les héros à cinq cents francs ». Ces deux bataillons furent suivis par une compagnie franche des Pyrénées, dont la composition contrastait singulièrement avec celle des bataillons de Paris : tous ceux qui formaient ce corps étaient des hommes dévoués, mais ils étaient en petit nombre.

    Biron arrive enfin à l’armée ; il en confie l’avant-garde à Wes-