lieues pour joindre Nantes inutilement ; de là, pour atteindre les Brigands, il fallait encore exiger de l’armée fatiguée une marche de vingt lieues en pays coupé[1].
- ↑ Philippeaux, qui s’était imaginé qu’il était seul capable de terminer cette guerre désastreuse, se persuada en même temps qu’il devait présenter un plan de campagne qui seul pouvait pacifier le pays insurgé qu’il ne connaissait que pour avoir longé la Loire sur la rive droite depuis Saumur jusqu’à Nantes.
Il le communiqua seulement au général Canclaux et à quelques représentants qui n’étaient pas plus sortis que lui de l’enceinte de Nantes, et ne connaissaient par conséquent ni l’intérieur du pays, ni les obstacles qu’il présente à chaque pas. Fort de l’approbation d’hommes qui n’étaient point militaires, à l’exception de Canclaux, il se rend au-devant de l’armée de Mayence jusqu’à Orléans, fait croire à Reubell et à Merlin de Thionville que l’armée de Saumur est en pleine désorganisation et leur fait adopter son idée favorite de commencer les opérations par le bas de la Loire, c’est-à-dire de faire quarante lieues de circuit pour attaquer l’ennemi qui n’était qu’à quelques lieues de nous ; et se rendant ensuite à Paris il fait adopter son plan par le Comité de salut public qui, sur douze membres, n’en comptait que deux qui fussent militaires : Carnot et Prieur de la Côte-d’Or. L’un d’eux me communiqua le plan de Philippeaux en m’invitant à me rendre à Paris. Mon premier soin en arrivant fut de déclarer au comité que ce qu’il y avait de mieux à faire, c’était de nous rappeler tous les deux, Philippeaux et moi, parce que nous étions d’opinions diamétralement opposées, que j’avais consulté Berthier à ce sujet, et que les généraux qui faisaient la guerre dans la Vendée depuis mon arrivée étaient d’avis que l’attaque devait commencer du côté de Saumur. Mais que je pensais que cette question devait être abandonnée à la décision des généraux seuls compétents en cette matière.
Nos instructions portaient que les représentants aux armées n’auraient que voix consultative lorsqu’ils assisteraient à un conseil de guerre. L’opinion de Philippeaux prévalut et il fut décidé que les représentants auraient voix délibérative, parce que Philip-