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Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/386

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et nous firent concevoir une illusoire espérance ; toutes portaient que le ministre de la Police avait découvert les véritables auteurs du crime du 3 nivôse, qu’il avait fait son rapport au conseil d’État, que notre innocence était reconnue, que nous allions tous rentrer au sein de nos familles. Ces lettres ajoutaient que notre retour devait être prochain, que le gouvernement avait fait défendre à nos parents de nous envoyer aucun secours en argent et vêtements, attendu que ces objets, en se croisant avec nous, pourraient s’égarer et qu’il valait mieux les conserver pour notre arrivée.

Nous ne restâmes pas longtemps à Nantes[1]. On nous fit traverser la ville dans l’obscurité d’une profonde nuit. Nous fîmes nos derniers adieux à notre terre natale.

La frégate (la Chiffonne) fit voile pour le Sud : nous perdîmes bientôt de vue les côtes de Bretagne et les tours de Cordouan, et nous reconnûmes le cap Finistère au delà du golfe de Gascogne.

  1. Marine au citoyen Levacher, commissaire principal de la Marine, à Nantes.
    20 nivôse an IX.

    Accélérez les préparatifs par tous les moyens qui seront en votre pouvoir. Il est essentiel que les prisonniers ne restent pas longtemps à Nantes. Le premier Consul voudrait même qu’ils n’y restassent que vingt-quatre heures. Faites à cet égard tout ce qui vous sera possible.