Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/60

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Paramé, à côté de Port-Malo. Nous y restâmes un mois entier (en 1779) ; ce fut en cet endroit que je manquai d’être pendu. Voici le fait :

On demanda dans chaque compagnie ceux qui voulaient aller en semestre. Je me fis enregistrer pour y aller, comme étant un des plus anciens ; cela me touchait de droit après quatre ans passés de service et sans prison, mais je n’étais pas dans les amitiés du sergent qui n’était qu’un véritable sot. — Nous lui avions donné plusieurs sobriquets ; il s’appelait d’Ardennes de son nom ; il était du pays des marchands de bas rouges, c’est-à-dire Catalan ; c’était l’homme le plus injuste que j’aie connu, mais il était très aimé du capitaine appelé Dutrémoy.

Dans ce temps-là les sergents-majors dirigeaient les compagnies, car bien des officiers n’y connaissaient seulement pas trois individus, et plusieurs fois j’ai souvent vu des sots, de ces officiers-là, aux exercices militaires, demander où était leur compagnie et leur place… et bien d’autres faits, que l’on a appris par la suite, et que le peuple ignorait alors.

En fin des trois jours que la liste des semestres était donnée, c’était un matin, nous étions tous sous la tente ; on fit lecture de la liste de tous ceux