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Rois, des Empereurs, mais qui exigeoit d’eux le serment de broyer les couronnes, les Princes, les Rois, les Empereurs. Alors plus que jamais, il faudra réfléchir qu’avec les sectes la plus dangereuse des guerres n’est pas celle qui se poursuit au champ de Mars. Quand la rébellion et l’anarchie sont dans les élémens des sectaires, les bras peuvent bien être désarmés, mais l’opinion reste, la guerre est dans les cœurs. Une secte réduite à se cacher ou à se reposer, n’en reste pas moins secte. Elle pourra dormir, mais son sommeil sera le calme des volcans. Ils ne vomissent plus au dehors leurs torrens et leurs flammes, mais les feux souterrains serpentent, travaillent de nouvelles issues et préparent de nouvelles secousses.

L’objet de ces Mémoires n’est donc précisément ni cette paix, ni cette guerre qui se font de Puissance à Puissance. Alors même que le danger subsiste tout entier, je sais qu’il est des temps où il faut que le glaive de la mort se repose, je sais qu’il est des ressources qui s’épuisent. Je laisse aux chefs des peuples les moyens de la force à discuter. Mais je sais, quels que soient les traités, qu’il est une espèce de guerre que la sécurité de ces traités peut rendre plus funeste ; et cette guerre est celle des complots, des conspirations secrètes, dont les traités publics n’effacent pas les vœux et les sermens. Malheur à la Puissance qui aura fait la paix, sans avoir même su pourquoi son ennemi lui avoit