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C’est ce que j’appellerais volontiers un moyen héroïque, et, pour l’essayer, il faut plus qu’une bonne dose de curiosité.

Connaissez-vous ce que c’est de faire tourner le crible ?

Cette cérémonie, dont la seule évocation est bien propre à faire dresser les cheveux sur la tête, consiste à se rendre à la grange en un soir comme celui ci, et, à imprimer au crible un mouvement de rotation en prononçant certaines paroles. Alors, la figure du personnage que l’on évoque vient continuer le mouvement.

Je ne crois pas que cette superstition, qui, dans ce cas, perd son ton d’innocent amusement, se pratique très souvent.

Cependant, elle a déjà été mise à exécution puisqu’elle a donné lieu à des légendes qu’on raconte encore pendant les longues soirées d’hiver.

Et voici comment on rapporte que la brune Mina, au lieu d’apercevoir son bien-aimé, ne vit qu’un effrayant cercueil recouvert d’un drap blanc ; ce qui faillit la faire mourir de frayeur.

Si la gentille enfant ne tomba pas sous la faux de la sinistre moissonneuse, son fiancé, lui, fut enlevé dans toute la vigueur de son printemps, avant que l’année ne fut écoulée.

Une autre fillette aperçut, elle, la silhouette du « malin, » — il ne faut jamais à la campagne, après le soleil couché, appeler le diable de son nom, — et, on ne sait ce qui serait advenu, si elle ne se fut enfuie promptement en faisant force signes de croix.

La morale est donc qu’il est dangereux de se servir de cet expédient pour connaître l’avenir, et même au taux où les maris sont cotés de nos jours, je ne crois pas qu’il vaille la peine d’être tenté.

Il paraît que les jeunes gens de Montréal avaient, il y a quelques années, une singulière manière de célébrer Hallow-E’en.