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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/122

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En Autriche, on a été plus loin encore. Un député a déposé devant le parlement un projet de loi pour taxer les gens qui ne se décident pas à franchir le Rubicon du mariage.

Ah ! pour le coup, c’en était trop ; la gent persécutée s’est rebiffée, et voilà qu’à Vienne, histoire de lancer un défi à toutes les autorités, on a fondé un club pour les hommes non-mariés. Je n’ai pas besoin d’ajouter que, parmi les statuts du nouveau club, le célibat est la condition première de l’admission.

D’ailleurs, pour rassurer l’âme des jeunes Viennoises, ce club n’a pas pour but de combattre l’institution du mariage, mais seulement de défendre les intérêts de ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas prendre femme.

Ne peuvent pas ! oui, voilà le grand mot. Au fond de toutes choses inaccomplies, c’est cette impossibilité que l’on retrouve. Elle explique bien des bonheurs qui s’offrent et que l’on doit refuser, bien des rêves qui ne resteront jamais qu’à l’état de chimères.

Dans ce club dont je viens de parler, on cherchera, paraît-il, « à parer les ennuis d’une vie de célibataire. » Il y aura attenants un restaurant, une salle d’armes, un gymnase, etc.

Oui sait si les boutons aux chemises n’y seront pas plus solidement cousus que dans le boudoir de Madame ?

Je lisais, ces jours derniers, une étude sur les droits de la femme, écrite par le grand philosophe allemand Edouard von Hartman, l’auteur du célèbre ouvrage intitulé : « La Philosophie des Inconscients. »

Vous allez me dire que ce bonhomme et son opinion sur l’émancipation de la femme arrivent, sur le sujet qui nous occupe, comme les cheveux sur la soupe.

Patience ! Ce n’est pas mon intention de le discuter tout au long, bien que j’aie grande envie de le faire dans quelques chroniques subséquentes, car, il est excessivement consolant pour notre sexe. En attendant, je ne rapporterai ici que la partie qui se rattache aux vieux célibataires.