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J’y voudrais aussi le bon vieux à barbe blanche qui égrène son chapelet, les pieds dans la boue, près de chez Scroggie ; je l’y voudrais installé dans son bon fauteuil, près d’une fenêtre qui regarderait le ciel et je lui dirais :

— Récitez vos Ave, priez bien pour ceux qui ne prient pas, c’est votre aumône à vous, faites-la large et abondante.

Combien de ces crève-la-faim, de ces pauvresses dont les mains tremblantes se tendent silencieusement sur les marches des églises, accueilleraient avec bonheur l’asile qui s’ouvrirait à eux ! Combien de souffrances seraient adoucies, de vices, de fautes, de hontes prévenues, car la misère est mauvaise conseillère et le désespoir entre souvent par la même porte que la pauvreté.

Quand on aura ramassé tous les nécessiteux et les indigents dignes d’être secourus, on saura alors que ceux qui mendient encore ne méritent pas la compassion publique et personne que je sache n’encouragera la paresse ou le vice.

Qu’on ait une, deux, plusieurs maisons de refuge où les souffreteux seront nourris et logés, où des bonnes âmes iront distribuer les miettes de leur table et leurs vêtements démodés.

La charité, c’est encore la plus belle vertu, la seule de ses deux sœurs, la Foi et l’Espérance, qui subsistera là-haut quand la terre

« … tombera dans l’éternelle nuit ! »

Lundi, 27 mars.

Le soleil se fait plus chaud, et, déjà, ses rayons sont si pénétrants, que les belles frileuses même consentent à se dégager de leurs caressantes fourrures.

Les toilettes de la saison dernière ne valent plus rien, il faut les mettre de côté et s’en procurer de nouvelles.

Faire des emplettes en un mot, magasiner, si vous l’aimez mieux.