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Quand l’homme a du bon sens, la femme n’est pas soigneuse, et lorsque la femme est soigneuse, c’est l’homme qui n’a pas de bon sens. De sorte que les plaintes restent toujours les mêmes.

Mais continuons :

« Il est tout aussi important à la femme qu’à l’homme d’être mise correctement dans le monde, et je suis sûre que la galerie juge du caractère d’un homme par la tenue de sa femme. »

Entre nous, il faut avouer que ce raisonnement est du machiavélisme tout pur.

« Je crois que cette question de vêtements a plus d’importance qu’on ne croit… »

Ce « on » représente le sexe masculin, car, il n’y a pas à dire, les femmes comprennent parfaitement l’importance de cette question, et ce serait faire injure à leur vive intelligence que d’en douter un seul instant.

« Je sais, conclut enfin notre Anglaise, — qui parle un langage compris de toutes les nationalités, — que les hommes doivent avoir une tenue correcte pour aller à leur bureau, mais je n’en suis pas moins persuadée, que, si les hommes faisaient un partage plus égal entre l’argent qu’ils consacrent à leur toilette et celui qu’ils mettent à celle de leur femme, bien des petites scènes de famille seraient ainsi évitées… »

C’est triste de penser qu’une querelle peut survenir à l’occasion d’une paire de bottines, ou que le bonheur de plus d’un ménage a sombré avec le renouvellement d’une toilette. Mais, enfin, il faut bien que cela soit, puisque mes aînées viennent me l’affirmer.

Vous pouvez penser que l’autre correspondante du journal anglais opine du bonnet. Point de contradiction, et j’en citerais cent qu’elles seraient toutes en accord parfait. Pour qu’il y ait une telle unanimité, il faut vraiment que la cause soit sainte et bonne.