Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/212

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ce serait déjà beaucoup. Il n’en faudrait pas davantage pour encourager et consoler l’écrivain.

Certes, le métier de chroniqueur est très difficile, et plus dur que certaines gens le croient.

Je lisais, l’autre jour encore, sur un journal de France, une énumération des obstacles contre lesquels il fallait lutter, pour écrire une chronique convenable, et ça m’a fait penser à mon mal.

J’ai, de plus, lu, dans le même article, signé du reste par une de nos meilleures plumes françaises, — c’est donc malheureux de n’avoir pas plus de mémoire qu’un lièvre, je pourrais citer un nom qui fait autorité, — j’ai lu, dis-je, que le métier de chroniqueur était encore plus difficile que celui de rédacteur.

Hein ! elle est bonne celle-là ! Vous entendez, messieurs les rédacteurs ?

J’allais commettre un grand péché d’orgueil, mais l’écrivain ayant fait précéder le substantif chroniqueur de l’adjectif bon, cela m’a fait doucement rentrer dans ma coquille.

À chaque fois que j’ai la velléité d’en sortir, il se présente toujours un motif de m’y réinstaller. On dirait un fait exprès.

— Ne croyez pas, ma chère, me dit un jour une bonne amie, devant laquelle des personnes trop aimables m’adressaient de bienveillants encouragements, ne croyez pas ces louanges exagérées que l’on vous dit en face.

Il n’y a que les bonnes amies pour vous dire des choses comme ça.

De sorte qu’après cet avertissement charitable, il m’est resté deux impressions bien distinctes : que ces compliments n’étaient pas mérités d’abord, puis in secundo loco que quand je n’étais pas là, on pensait tout autrement.