Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/215

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bien d’entre nous pourraient aisément passer sous ces nouvelles fourches caudines.

On ne saurait guère formuler des règles précises sur l’art de la conversation ; on ne peut poser que des principes généraux, qui tous s’appuient sur une grande qualité, — la plus rare de toutes et qui s’acquiert difficilement — le tact.

C’est lui, qui vous conseillera tel sujet agréable à certaines personnes, et, fera éviter celui-là même qui pourrait blesser la susceptibilité de quelques autres.

Que le rôle d’une maîtresse de maison devient parfois délicat, et quelles ressources elles doit déployer vis-à-vis de ceux qu’elle reçoit, et dont les opinions diverses peuvent se heurter au moindre choc !

Quand les réunions sont nombreuses, tant mieux : ceux qui ont des idées communes se retrouvent infailliblement ; il y a des affinités secrètes qui attirent les unes vers les autres les âmes sympathiques ; mais, si la conversation est générale, la tâche de la soutenir et de la diriger devient alors très ardue.

Il y a des femmes croyant que l’amabilité consiste dans un flot intarissable de paroles, et, qu’à l’instar des orateurs politiques, plus elles parleront, plus elles seront amusantes.

Le grand art est, au contraire, de savoir faire parler les autres et d’écouter comme si l’on était intéressé par ce qui est raconté.

Ce n’est pas se condamner à un mutisme complet, loin de là ; une phrase habile, une observation judicieuse, placées à propos, donneront au discours tout l’entrain et l’impulsion nécessaires.

Il ne manque pas d’occasion, d’ailleurs, où il convient de soutenir toute seule le poids de la conversation, et, c’est alors qu’il faut déployer toutes les ressources d’un esprit cultivé.