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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/23

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et pour laquelle, personne n’a encore reçu de carte d’invitation.

Pourtant, pourquoi pas ? Le vent est au progrès, qui sait si quelque jeune fille, fin-de-siècle ou plutôt quart-de-siècle, ne consentira pas à encadrer publiquement son minois de la coiffe accusatrice !…

Mais, voyez, jusqu’à quels écarts une imagination trop vive peut entraîner !


Lundi, 7 décembre.

Vous le savez, — personne ne se gêne d’ailleurs pour le dire — on trouve toujours qu’il y a assez de filles sur la terre et, pour la plupart, quand elles font leur apparition première sur notre planète, on ne leur fait pas habituellement le plus aimable des accueils.

Et combien l’on s’apitoie sur les pauvres mères dont la famille ne se compose que de filles !

En fin de compte, me dira-t-on, quelle est la raison de ce détestable préjugé, poussé si loin dans certains endroits, en Chine, par exemple, où l’on n’a trouvé rien de mieux, pour empêcher le sexe féminin d’augmenter en nombre, que de faire mourir les filles dès leur naissance ?

Après avoir si longtemps et si patiemment enduré toutes ces avanies, il n’est pas étonnant que ces pauvres filles se rebiffent un peu d’être sans cesse reléguées au second rang, et que, dans leur ardeur d’affirmer leurs droits, elles dépassent un peu le but.

Puisque le sexe masculin, comme on peut s’en convaincre par les statistiques des différents pays, est inférieur en nombre au sexe féminin, celui-ci obtiendra bientôt par « la raison du plus fort qui est toujours la meilleure, » le droit de coudoyer ses seigneurs et maîtres dans leurs plus hautes fonctions de l’État.