Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/242

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puté cette possession, et s’il est, vrai que des volcans grondent parfois dans leurs prisons souterraines, on retrouve encore, — à la Malbaie notamment, où j’ai constaté le fait, — des coquillages et des restes de végétation sous-marine sur les montagnes très élevées et situées loin de la mer.

Les touristes ne se lassent jamais de l’originalité de ces horizons, et la Malbaie doit sa popularité constante, comme station balnéaire, plutôt à la bizarrerie de ses sites qu’à la vertu de ses eaux.

Aussi voit-on passer, par ses chemins tortueux, des troupes de fervents qui ne se lassent pas d’aller revoir les lieux qu’une nature capricieuse a marqués d’un sceau de beauté si étrange.

D’abord, ce sont les chutes qui attirent plus particulièrement l’attention.

Vous pouvez bien penser que le moindre filet d’eau, s’échappant de ces monts entassés les uns sur les autres, ne peut manquer de former de superbes cascades.

Les plus belles sont les chutes Fraser, vraiment imposantes de grandeur et de majesté.

Leurs eaux coulent sur des lits de rochers superposés à des hauteurs considérables, et retombent avec un terrible fracas jusqu’au fond de l’abîme.

Là, elles tourbillonnent, écumeuses et bouillonnantes, formant un brouillard transparent et humide qui plane sans cesse au-dessus d’elles.

Les bords très escarpés de cette chute sont boisés de pins énormes, à travers desquels serpente un petit sentier qui mène jusqu’au bas.

N’y descend pas qui veut : un faux pas, une lueur de vertige, et vous iriez broyer vos chairs sur ces pointes de rochers dont le précipice est hérissé. Mais aussi, quand on a surmonté les difficultés de la descente, comme on jouit du spectacle, si plein de sauvage splendeur !