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De hautes montagnes forment une enceinte circulaire à la plus délicieuse vallée qui soit au monde.

À voir ces épaisses murailles verdoyantes, cette vallée fertile, on se croirait en pleine Forêt-Noire, avec les mêmes décors dont on lit la description dans les contes du chanoine Schmidt.

C’est merveille de constater comme l’intelligence humaine a pu se frayer un chemin dans ces endroits qui semblent inaccessibles.

Après avoir descendu le long des flancs des montagnes, traversé la riante vallée que se partagent un ou deux bons fermiers, puis remonté le versant opposé, on arrive, après une marche de quelques arpents, à la reproduction à peu près exacte du paysage que nous venons de laisser.

Avec cette différence, cependant, qu’au fond de ce vaste entonnoir, à travers un épais bouquet d’arbres, une petite rivière coule en formant sept cascades qui font rêver tout éveillé.

Dans ce bois charmant se croisent de petits chemins « étroits pour un, larges pour deux, » où défilent, pendant les beaux jours d’été, les couples d’amoureux, murmurant les éternels refrains de la jeunesse et de l’amour.

Que peut-on concevoir de plus enchanteur que ce petit coin de terre, plein de verdure et d’ombre, qu’égaient le gazouillis des oiseaux au bord de leurs nids, le murmure des eaux chuchotant de si gentilles choses, et le bonheur qui s’y promène, pur et radieux comme un ciel sans nuage ?

Il n’est pas étonnant, — me disait une mienne amie, un peu philosophe à ses heures, — que la campagne fasse éclore tant d’amourettes. Tout, en des lieux comme ceux-ci, suggère et inspire l’amour. Il y a comme de la tendresse épandue dans l’air, et chacun se laisse griser par ces subtils arômes. Mais enlevez à la scène ces décors, transportez les personnages au milieu des villes, et