Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/264

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public, force sera de s’exécuter avec la meilleure grâce possible.

C’est un pauvre moyen, dira-t-on, bien petit, bien indigne ; je le sais, mais c’est à peu près le seul qui reste à bon nombre d’épouses, avec l’autre alternative, — guère plus recommandable, — d’une visite nocturne dans les poches du gilet de l’époux, pendant le sommeil de celui-ci.

Ça, c’est d’occurrence assez commune, n’est-ce pas ?

C’est encore cette parcimonie des maris à l’égard de leur moitié, qui porte ces dernières à faire chez la modiste, la couturière, etc., de ces notes formidables, dont la réclamation crée tant de tempêtes, de querelles et de haines sourdes dans les ménages

Je ne sais pourquoi on n’a pas tout de suite, dès le début de l’existence commune, une entente franche et amicale relativement aux dépenses du ménage.

Le mari se chargerait, des plus lourdes, et la femme verrait aux autres avec l’allocation qui lui serait remise chaque semaine ; cette somme comprendrait aussi l’argent des menus plaisirs, — le pocket money, comme disent les Anglais.

C’est sur ce surplus que la femme devra prélever l’argent pour ses toilettes, avec l’entente qu’elle ne devra pas le dépasser, — je suppose toutefois que le chiffre sera raisonnable.

Voilà un excellent moyen pour que la paix règne toujours, et partant le bonheur.

Cette indépendance relative est bien faite pour relever la femme à ses propres yeux, et lui inspirer du respect pour le nom qu’elle porte.

Il y a bien des ménages où ce système est en vigueur, et dans chacun d’eux il fait des merveilles.

Il apprend à la femme à être plus économe et à ne pas dépenser sans compter, comme elle pourrait être