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Lundi, 7 janvier.

Pauvre vieille année ! la voilà finie.

Elle a jeté, en passant, son fardeau de fragilités humaines aux pieds de l’Éternel, pour disparaître ensuite dans l’océan des âges.

Pauvre vieille année ! beaucoup te haïssent, beaucoup n’évoqueront ton séjour parmi nous qu’à regret ou avec des larmes dans les yeux.

Pourtant, pauvre vieille année, tu as aussi sonné dans ton cours, avec des jours de tristesse, des heures de bonheur, des heures de pures et douces jouissances.

Oui, la vieille année a été pour plusieurs le commencement d’une ère meilleure ; elle a mis dans quelques vies un élément nouveau, une amitié plus forte peut-être, et c’est à cause de tout cela que d’aucuns garderont son souvenir et la chériront tendrement, dans un petit coin du cœur, la pauvre vieille année qui n’est plus…

***

Tous les ans, aux derniers moments de décembre, on offre, à l’hôpital Notre-Dame, un dîner de gala pour les pauvres malades.

De longues tables se dressent dans les dortoirs, et tout ce qui peut exciter l’appétit de ces déshérités y est étalé : dindes et poulets dorés, crèmes savoureuses, gâteaux délicieux, fruits exquis, avec des bouquets de fleurs piqués ça et là pour égayer davantage une installation aussi complète.

J’ai eu le plaisir d’assister, cette année, à ce dîner tout de charité, et la bonne impression que j’en ai gardée ne s’effacera pas de sitôt.

Les dames patronnesses et les jeunes filles, — leurs aides, — revêtues du pittoresque costume d’ambulancière : coiffe, guimpe et tablier blancs, et autour du bras le petit brassard traditionnel à croix rouge, étaient à leur poste, n’attendant plus que la bénédiction épiscopale pour disposer du menu.