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Toutefois, malgré mon admiration pour Halifax, bien des fois je me suis dit, en parcourant ses rues, et je le répète sincèrement en écrivant ces lignes :

— Tout cela, c’est bien beau, bien beau, mais cela ne vaut pas Montréal…


Lundi, 23 septembre.

— Ne manquez pas d’aller voir le marché d’Halifax, m’avait-on dit. Je n’eus garde d’oublier ce conseil.

Et le spectacle vaut la peine, d’être vu.

Là, pas d’immense construction comme le marché Bonsecours, ni de boutiques ouvertes aux quatre vents du ciel ; il y a mieux que cela. Les fleurs, les fruits, les légumes, les volailles, toutes les denrées, en un mot, garnissent le rebord du trottoir qui entoure l’Hôtel des Postes. La foule des acheteurs défile, comme elle le peut, le long de l’édifice, et voilà ce qui s’appelle le marché d’Halifax.

Vous imaginerez difficilement ce que cette scène a de pittoresque et de joli tout à la fois.

Les mercredis et samedis, jours de marché proprement dit, j’allais voir cette population cosmopolite qui s’agitait dans un si petit espace. J’ai dit cosmopolite, et à dessein, car, sans parler des diverses variétés de la race blanche, on y voit de plus des nègres et des sauvages Micmacs en grand nombre.

Les nègres ont commencé à peupler la Nouvelle-Écosse en 1756. Cinq cent cinquante fils de Cham s’échappèrent de St-Domingue et vinrent se soustraire au joug de l’esclavage dans la petite ville d’Halifax. Leurs descendants existent encore en assez grand nombre pour former un village, à l’entrée du bassin de Bedford, qu’on appelle The Darkie’s Settlement.

Les jours de marché, les négresses viennent porter à la ville les produits de leurs jardins potagers, et surtout