Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/317

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Le dernier soir de la Kermesse était arrivé, et les fêtes se terminaient joyeusement comme elles avaient commencé.

Marielle, à moitié dissimulée dans l’ombre du kiosque des fleurs, regardait cette foule bruyante qui s’agitait dans toutes les directions.

Jeunes filles et jeunes gens se promenaient deux à deux, achevant de nouer une idylle fraîche éclose et causant… de quoi cause-t-on quand on est jeune et que l’on s’aime ?

— C’est fini, pensait Marielle ; ils sont tous les mêmes, jamais je ne croirai en un homme.

Elle n’avait pas plus tôt fait cette promesse, qu’une voix pénétrante, une voix qu’elle connaissait trop bien, lui dit :

— Sommes-nous encore amis ou m’a-t-on déjà oublié ?

— L’aurais-je fait qu’il vous siérait mal de m’en faire le reproche, répliqua-t-elle avec un tremblement dans la voix.

— J’ai été malade….

— Malade, vous ? dit-elle, en le regardant à travers le voile de larmes qui obscurcissait ses yeux, malade à l’hôpital ?

— Non, pas tout à fait, répliqua-t-il avec un sourire ému, quoiqu’une chambre de pension soit souvent plus froide que des murs d’hôpital. J’ai bien pensé à vous pendant ces longs jours où la souffrance me clouait sur mon lit, et je me suis souvent demandé si vous aviez gardé mon souvenir avec le bouquet promis…

Marielle gardait sa tête baissée et ne répondait pas.

— Je songeais aussi, continua-t-il, mais c’était un rêve de malade, qu’il faut me pardonner, combien la vie serait encore douce et belle, si vous vouliez dévouer votre fraîche jeunesse au sort d’un vieux barbon comme moi…

Vous ne répondez pas ! dites-moi au moins que vous ne m’en voulez pas de mon audace ?

Comme Marielle gardait toujours le silence, il se pen-