Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/221

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Un événement surprenant manifesta tout à coup dans quelle atmosphère, amis et ennemis, orthodoxes et hérétiques, paysans et religieuses, tous vivaient sur la montagne empoisonnée.

Après le départ de Vintras, Monseigneur de Nancy avait envoyé à Sion un de ses secrétaires, monsieur l’abbé Florentin, enquêter sur l’abominable scandale. Cet envoyé de Monseigneur était un jeune prêtre, fort instruit des sciences sacrées et spécialement des choses infernales. Il parcourut dans l’après-midi le village, avec l’Oblat, pour recueillir quelques dépositions, puis ce fut le dîner, suivi d’une longue veillée.

Sans un mouvement, sinon de quelques rides qui, de minute en minute, s’accusaient avec plus de force sur sa figure ronde, le délégué de Monseigneur écoutait avec une attention intense son hôte lui détailler les scènes exécrables. Parfois posait une brève question. Son effort était manifestement de rattacher les faits qu’on lui racontait à un chapitre précis de l’histoire des hérésies. Quand l’Oblat tira de sa poche un petit objet de bois blanc, l’une de ces croix de grâce que Vintras avait distribuées à foison :

— Parfait ! s’écria-t-il, Monsieur le Curé,