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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Du bouddhisme.djvu/12

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Bouddha, ils ne traitent jamais que de deux sujets : la morale et la métaphysique. Je ne veux pas dire que dans ces questions, les plus grandes que puisse se proposer l’intelligence humaine, les Bouddhistes aient accompli des chefs-d’œuvre ; tant s’en faut ; et leurs erreurs en philosophie n’ont guère d’égales que leur superstition. Mais c’est toujours un noble spectacle que celui de l’homme aux prises avec les problêmes d’où dépend sa destinée tout entière. Le Bouddhisme nous donnera un exemple de plus de notre grandeur et de notre fragilité. On ne peut pas se proposer un but plus élevé ; car c’est le salut éternel qui seul le préoccupe. On ne peut pas faire de chute plus profonde ; car on voulant sauver l’homme, il en arrive à ne lui offrir pour refuge que le néant. Comment s’est formée cette déplorable croyance ? Quel en a été le fondateur ? Quel était son caractère personnel ? Quelle fut sa vie ? Quels sont les principes de son système ? et à quelles conséquences viennent-ils aboutir ? Voilà quelques-unes des questions que je voudrais examiner et qui me semblent dignes do fixer un instant l’attention.

Le Bouddhisme, on le sait, est né dans le sein de la société indienne et brahmanique, dans le viie siècle tout au moins avant notre ère, et peut être plus anciennement encore. Il s’y est présenté comme une réforme qui devait changer les croyances généralement adoptées par cette société, et qu’elle avait tirées, par une lente élaboration, des Védas regardés comme des livres divins. Il s’est développé dans le nord de l’Inde, sur les deux rives du Gange, pendant de longs siècles, à l’état de système philosophique, répandu par une prédication toute pacifique, et acceptable comme tout autre à la tolérance des Brahmanes. Il a fait des prosélytes sans nombre parmi les peuples et parmi les rois. Il est descendu vers le sud, s’est propagé à l’ouest et