Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Du bouddhisme.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 17 —

du Bouddha en l’an 543 avant l’ère chrétienne ( 1). Je ne me propose pas d’entrer dans une discussion aussi épineu se, où les juges compétents ont encore tant de peine à se guider. Je préfère accepter la grave autorité de M. E. Burnouf, que le monde savant respecte autant qu’aucune autre, et la suivre sans la soumettre à un trop difficile examen. Tout ce que je veux faire ici, c’est de montrer que ce minimum est incontestable, et que l’existence du Bouddhisme dès cette époque est attestée de la manière la moins douteuse par trois ordres de témoignage à peu près également respectables, les historiens grecs instruits par l’expédition d’Alexandre, les inscriptions indiennes récem ment découvertes, et les annales chinoises.

Je reprends une à une ces trois sources d’informations, en commençant par la dernière.

On sait que les Chinois, presque seuls parmi les peuples orientaux, ont eu de très-bonne heure l’idée fort loua ble de fixer dans des documents authentiques le souvenir des événements qui leur semblaient mériter le plus d’at tention et d’intérêt. A cet égard, la Chine forme le plus frappant contraste avec l’Inde, qui, dans les ouvrages si nombreux et si divers qui nous restent d’elle, n’a jamais songé à noter d’une manière un peu claire et précise les pas du temps. Elle a laissé les siècles s’écouler, comme sa propre vie, sa propre histoire, sans daigner en conserver aucune autre trace positive que les œuvres de sa pensée. Loin de là, la Chine a toujours été fort occupée de consa crer la mémoire de ce qu’elle a fait ou de ce qu’elle a observé. Le gouvernement impérial s’est chargé de ce soin dès les temps les plus reculés, et il n’a jamais manqué (1) M. E. Burnouf, Introduction à l’histoire du Bouddhisme indien, préface, p. III.