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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/47

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des Idées ? C’est de séparer l’essence des êtres de leur substance ; et, pour expliquer les choses perceptibles à nos sens, de supposer, en dehors d’elles, d’autres êtres aussi nombreux au moins, ayant plus de réalité qu’elles n’en ont, ou, pour mieux dire, ayant seuls la réalité dont les choses sensibles sont dépouillées. Voilà le grief qu’Aristote répète d’une manière implacable, et d’où il tire toutes les conséquences sous lesquelles il accable la théorie qui lui semble les contenir, et les laisser échapper de son sein. Ce grief capital, essentiel, le premier et le dernier de tous, origine et cause de toute cette constante et vive polémique, est-il légitime ? Est-il exact que Platon ait séparé les Idées des choses sensibles, et transporté aux unes la réalité substantielle qu’il refuse aux autres ? Nous n’hésitons pas à répondre par la négative, quelque téméraire qu’il puisse paraître de contredire Aristote sur un tel sujet. Mais c’est là un point de fait ; et, les Dialogues en main, on peut affirmer que, dans la doctrine de Platon, les Idées ne sont pas séparées des choses réelles.