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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/92

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être et n’être pas, on cite souvent Héraclite. Il est bien possible qu’il ait avancé un tel paradoxe ; mais on sait, de reste, qu’on n’est pas tenu de penser tout ce qu’on dit. Héraclite lui-même, s’il eût observé avec plus d’attention sa propre pensée, se serait convaincu de son erreur. De même que les choses ne reçoivent pas simultanément les contraires, de même il est de toute impossibilité qu’un même esprit puisse avoir des pensées contraires dans un même moment. A l’instant où il pense à une chose, il ne peut pas penser à une autre ; à l’instant où il pense à telle qualité de la chose, il ne peut pas penser à la qualité contraire. L’esprit passe successivement d’une chose à une autre chose, d’une qualité de certaine espèce à une qualité d’espèce différente. Mais la simultanéité des pensées est impossible, même en supposant que les pensées fussent semblables, parce que alors l’esprit ne pourrait être à aucune et serait absent des deux. A plus forte raison, si les pensées, au lieu d’être semblables, sont opposées. A ces conditions, aucun savoir n’est possible ; et