Page:Barthélemy - Voyage du jeune Anacharsis en Grèce vers le milieu du IVe siècle, tome 1.djvu/231

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CHAPITRE VII. «tt 1 main avait fait des progrès. Il avait environ quarante ans quand il fit la voyage de Sicile pour voir l’Etna. Denys, tyran de Syracuse, désira de l'entretenir. La conversation roula aur le bonheur, sur la justice, sur la véritable grandeur. Platon ayant soutenu que rien n’est si lâche et si malheureux qu’un prince injuste, Denys en colère lui dit « Vous parlez comme un radoteur. – Et vous comme un tyran, » répondit Platon. Cette réponse pensa lui coûter la vie. Denys ne lui permit de s’embarquer sur une galère qui retournait en Grèce qu’après avoir exigé du commandant qu’il le jetterait à la mer, ou qu’il a’en déferait comme d’un vil esclave. Il fut vendu, racheté et ramené dans sa patrie. Quelque temps après, le roi de Syracuse, incapable de remords, mais jaloux de l’eatime des Grecs, lui écrivit. ; et, l’ayant prié de l’épargner dans ses discours, il n’en reçut que cotte réponse méprisante a Je n’ai pas assez de loisir pour me souvenir de Denys. » A son retour, Platon se fit un genre do vie dont il ne s’est plus écarté. Il a continué de s’abstenir des affaires publiques, parce que, suivant lui, nous ne pouvons plus être conduits au bien ni par la persuasion ni par la force mais il a recueilli des lumièrea éparses dans les contrées qu’il avait parcourues ; et, conciliant, autant qu’il est possible, les opinions des philosophes qui l’avaient précédé, il en composa un système qu’il développa dans ses écrits et dans ses conférences. Ses ouvrages sont en forme de dialogue Socrate en est le principal interlocuteur ; et l’on prétend qu’à la faveur de ce nom il accrédite les idées qu’il a conçues ou adoptées. Son mérite lui a fait des ennemis il s’en est attiré lui-même en versant dans ses écrits une ironie piquante contre plusieurs auteurs célèbres. II est vrai qu’il la met sur le compte de Socrate mais l’adresse avec laquelle il la manie, et différents traits qu’on pourrait citer de lui, prouvent qu’il avait, du moins dans sa jeunesse, assez de penchant à la satire. Cependant ses ennemis ne troublent point le repos qu’entretiennent dans son cœur ses succès ou ses vertus. n a des vertus en effet ; les unes qu’il a reçues de la nature, d’autres qu’il a eu la force d’acquérir. Il était né violent il est à présent le plns doux et te plus patient des hommes. L’amour de la gloire ou de la célébrité me parait être sa première ou plutôt son unique passion. Je pense qu’il éprouve cette jalousie dont il est Ri souvent l’objet. Difficile et réservé pour ceux qui courent la même carrière quo lui, ouvert et facile pour ceux qu’il y conduit lui-même il a toujours vécu avec les autres disciples de Socrate dans la contrainte ou l’inimitié, avec ses propres disciples dans la