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LE FEU SOUS LA CENDRE

La veille, sur un ordre du commandant, des détachements avaient fait le tour de tous les établissements où l’on vendait des armes à feu, histoire, disaient-ils, de désarmer la population. Tout ce qui pouvait porter ce nom, jusqu’à la moindre carabine Flobert chère aux bambins de douze ans, et beaucoup d’autres accessoires par dessus le marché, avait été confisqué et transporté dans les magasins de la citadelle.

Tout cela s’était accompli sans trop de bruit ni de rouspétance.

Enfin, sauf quelques espiègleries que se permettaient les gamins de la rue au passage de quelque kamarad trop ventripotent — plaisanterie que la victime prenait généralement du bon côté — tout s’était bien passé.

On ne saurait dire que la même quiétude régnait dans les hautes sphères de la petite armée d’occupation. À la mine de plus en plus rogomme du commandant en chef, les gens de son entourage voyaient bien, sans en connaître la cause, qu’il n’avait pas l’esprit tranquille. C’est qu’il avait eu beau dépêcher émissaire sur émissaire par le sud du fleuve pour savoir ce qui se