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PREMIÈRES ÉTINCELLES


Le lendemain était un dimanche, mais un dimanche triste. Dans la nuit, il s’était produit une de ces soudaines sautes de vent de l’Ouest à l’Est, assez fréquentes dans la canicule canadienne, qui font remonter du fond de l’énorme bouteille que figure le Saint-Laurent sur la carte les éternels bancs de brume du golfe, et en quelques heures les refoulent en masses pressées dans l’étroit goulot où est situé Québec. Il en résulte qu’à certains jours de la belle saison on croirait que l’automne se trompe de date.

C’était une de ces journées maussades qui se préparait. Ce matin-là, le commandant intérimaire de la place se leva en humeur massacrante. Ses pensées étaient couleur du temps, brumaire, ventôse, pluviôse.

Les nouvelles que lui apportaient les officiers de service n’étaient pas non plus de nature à l’égayer. Si la ville était toujours paisible, il n’en était pas de même du pays circonvoisin. On y remarquait depuis la veille des allées et